L’aromathérapie : comment utiliser les huiles essentielles?
Dans cette deuxième partie, je vous décrirai les méthodes d’utilisation de ces huiles, les voies les plus sécuritaires. Et pour terminer, je vous dirai comment choisir des HE de qualité.
Les voies d’administration
4 grandes voies vont être utilisées en aromathérapie et le choix se fait en fonction de l’HE, des pathologies à traiter ou de l’effet recherché mais aussi en fonction de la personne et de sa sensibilité.
- la voie respiratoire (nez) :
- La diffusion
- L’olfaction ou l’inhalation
- la voie cutanée (peau)
- la voie orale (bouche)
1- La voie respiratoire
La voie respiratoire a une vitesse d’action remarquable mais sur une courte durée. Elle est particulièrement indiquée dans les pathologies respiratoires et ORL. C’est ma voie favorite chez les enfants.
C’est aussi la voie royale pour gérer les émotions et exploiter l’approche énergétique des huiles essentielles. En effet, les molécules aromatiques agissent directement sur le système limbique, centre de nos émotions dans le cerveau. Par exemple, j’aime beaucoup l’HE de Pruche dans le lâcher-prise. De plus elle favorise l’ancrage et l’enracinement.
a- La diffusion atmosphérique
Si vous aimez une ambiance olfactive agréable chez vous, la diffusion est parfaite et permettra un effet thérapeutique : assainir l’atmosphère pour éviter les infections, détendre et instaurer un environnement calme et reposant, favoriser un bon sommeil ou stimuler et tonifier en cas de fatigue physique ou morale. Il ne faut pas se forcer si l’odeur de l’HE ne vous convient pas surtout.
Il existe quelques précautions d’emploi évidemment :
- prudence en cas d’asthme non controlé, d’épilepsie ou de grossesse
- prudence avec les animaux domestiques qui y sont très sensibles
- pas en présence des enfants de moins de 6 ans (5-10 minutes par heure en leur absence dans la pièce)
- 15 minutes par heure maximum de diffusion et 5 minutes chez les enfants de plus de 6 ans
- choisir les HE compatibles avec la diffusion, en général les agrumes et les conifères et certaines fleurs
- proscrire les HE dermocaustiques et neurotoxiques : Canelle, Girofle, Sarriette, Menthe poivrée, Ajowan, Basilic, Origan, Thym à thymol…
- proscrire également les bougies, brûle-flamme ou lampes aromatiques qui dénaturent les molécules aromatiques par la chaleur et qui produisent du CO2.
- bien aérer la pièce régulièrement surtout si vous utilisez les sprays ou aérosols assainissants
On va retrouver plusieurs types de diffuseurs et le choix se fait en fonction de votre utilisation :
- diffusion sèche : c’est la microdiffusion et les molécules aromatiques vont avoir un effet thérapeutique car elles restent plus longtemps en suspension. Les diffuseurs électriques sont alors appelés nébuliseurs (par système Venturi) et n’utilisent jamais de chaleur . Les HE sont introduites pures dans l’appareil et se nettoient à l’alcool.
- diffusion humide : c’est une ionisation par ultra-sons des molécules aromatiques restées en surface de l’eau ou par brumisation avec la vapeur d’eau. On appelle les appareils utilisés humidificateurs ou fontaines d’arôme. Il y a peu de risque d’intoxication avec ce type de diffusion car les molécules ne restent pas longtemps dans l’air. Cette voie est idéale pour les chambres d’enfants par exemple ou encore les endroits trop secs avec chauffage électrique ou en altitude.
b- L’inhalation ou olfaction
L’inhalation sèche
L’inhalation sèche est recommandée pour les troubles nerveux : stress, phobies, insomnies, compulsions alimentaires ou sevrage tabagique. Mais elle est également la voie royale pour dynamiser le corps et l’esprit, c’est l’approche émotionnelle et énergétique de l’aromathérapie. Elle permet aussi de dégager rapidement les sinus encombrés comme le célèbre “Vicks Inhaler”.
Comment faire une inhalation sèche ?
- directement au flacon, en bouchant une narine, pratiquer une inspiration profonde et faire pareil avec l’autre narine
- sur un mouchoir ou l’oreiller ou encore les écharpes ou foulards, appliquer 2 à 3 gouttes de l’HE et respirer profondément
- sur les poignets, appliquer 2 à 3 gouttes puis joindre ses mains devant le nez et faire 3 ou 4 respirations profondes et lentes.
- avec un inhalateur de poche vierge (disponible en officine ou sur internet), appliquer 5 gouttes d’HE et inspirer régulièrement par chaque narine
L’inhalation humide
C’est le meilleur moyen pour traiter les affections ORL, les molécules aromatiques pénétrant rapidement, sous l’effet de la vapeur d’eau, la muqueuse respiratoire dilatée pour dégager et assainir nez, gorge, sinus et poumons.
Comment faire une inhalation humide ?
- Dans un inhalateur disponible aussi en officine, verser de l’eau assez chaude 5 gouttes d’HE maximum ou d’un mélange, puis faire 5 à 10 minutes d’inhalation. l’inhalateur est pratique et adapté car il permet de préserver la muqueuse oculaire.
- À défaut, remplacer par un bol d’eau très chaud mais pas bouillante, se munir d’une serviette sur la tête et de lunettes de protection ou alors bien fermer les yeux.
- Éviter de sortir juste après l’inhalation pour ne pas s’exposer au froid ou à la pollution extérieure.
- À pratiquer le soir surtout, car l’inhalation permet de bien dégager les voies respiratoires avant de dormir.
- Chez les tout-petits, on peut utiliser le même principe avec la vapeur d’eau dégagée dans un bain ou une douche chaude : mettre une bassine d’eau chaude avec 3 gouttes d’HE à coté du bain de l’enfant pour soulager les voies respiratoires.
2- La voie cutanée
Facile d’utilisation, la voie cutanée présente un grand intérêt thérapeutique car elle est rapide et efficace et surtout d’action prolongée. En effet quand vous masser la plante des pieds avec de l’HE d’Eucalyptus radiée ou de Menthe poivrée, 15 à 30 minutes plus tard vous avez l’impression d’expirer de l’air mentholé! Comme les molécules aromatiques sont de petite taille, elles passent facilement la barrière cutanée pour passer dans le sang. De plus, les différentes couches de la peau jouent un rôle de réservoir et libèrent ainsi progressivement les molécules d’où une action longue durée.
Comme vu plus haut dans les toxicités, il convient de respecter certaines précautions d’emploi pour la voie cutanée :
- Tester l’HE avant son utilisation pour éviter les allergies
- Ne pas utiliser cette voie chez les nourrissons, en dessous de 3 ans
- Ne pas utiliser pures les HE dermocaustiques citées au début ( les diluer à 10% au moins pour la famille des aldéhydes comme la cannelle)
- Attention avec les HE photosensibilisantes (les agrumes) de ne pas s’exposer au soleil après leur application
- Ne pas utiliser sur les muqueuses sauf sur avis médical
- Ne pas utiliser sur les plaies sauf la Lavande vraie, le Géranium, le Ciste et l’Hélichryse
- Il faut bien se laver les mains après leur application et ne pas se frotter les yeux ou autre muqueuse pendant le massage
a- Les bons gestes pour le massage
Entre le massage et l’aromathérapie, la symbiose est parfaite. Les principales indications du massage sont la fatigue ou la douleur musculaire et nerveuse, les troubles de la circulation sanguine et lymphatique, la cellulite. Le massage apaise en effet les douleurs, dissipe le stress et les tensions, aide à retrouver l’équilibre hormonal et stimule le système immunitaire.
- Pour stimuler un organe ou en cas de fatigue, ou pour soulager une douleur le massage se fera en regard de l’organe concerné dans le sens des aiguilles d’une montre : par exemple pour les crampes menstruelles, mettre 2 gouttes d’HE d’Estragon dans une cuillère à café d’huile végétale de Calophylle puis masser le ventre.
- Privilégier les applications sur les points vitaux pour une action plus rapide et plus efficace :
- les poignets (fortement vascularisés)
- le plexus solaire
- les tempes pour les migraines (pas trop près des yeux)
- la base du crâne (sinusites, migraines, stress)
- la colonne vertébrale pour tonifier
- les reins pour stimuler les surrénales avec l’Épinette noire par exemple
- la plante des pieds surtout chez les enfants
- Si la zone de massage est grande (corps, jambes, dos…), utiliser une huile végétale adaptée au type de peau et à l’action recherchée
- D’autres véhicules comme le lait pour le corps ou encore beurre de karité ou gel d’aloe peuvent remplacer l’huile végétale.
- Le bain aromatique : l’eau chaude au contact de la peau favorise la microcirculation, avec des bienfaits circulatoires et relaxantes. Les HE ne se mélangeant pas à l’eau, il faut utiliser un dispersant (gel douche neutre, lait liquide ou en poudre,…) ou encore les sels de bain.
b- Comment faire un mélange?
- Soit sur le moment, pour un usage rapide, immédiat et unique (herpès, entorse, bouton..), je vous conseille d’utiliser le creux de votre main comme récipient. Pure ou diluée, je recommande de ne pas dépasser 6 gouttes par jour à partir de 6 ans (3 gouttes maxi pour les enfants à partir de 3 ans).
- Soit en amont, pour un usage répété et régulier, préparer le mélange dans un flacon et bien étiqueter le flacon avec la composition et la date de fabrication.
- Il existe des rollers vierges pour faire ses propres mélanges pour une application sans les mains.
- Les mélanges tout prêts faits par certains laboratoires pour telle ou telle indication, sont aussi très pratiques à mon sens si vous voulez vous épargner de la manipulation
c- Quelle dilution choisir?
Cela va dépendre de plusieurs choses :
- de l’huile essentielle ou les HE employées
- de la personne
- de la durée du traitement
- de la zone d’application
- de l’action souhaitée ou du tissu à atteindre
J’ai essayé de vous résumer dans un tableau simple de dilution certaines des utilisations possibles avec pour base de 1ml équivaut à 30 gouttes d’HE :
Chez les enfants, il faut faire au plus simple et privilégier la voie cutanée ou encore les inhalations humides surtout chez les plus petits.
3- La voie orale
Certains pays ne la recommandent absolument pas, alors qu’en France elle est encouragée et conseillée. De mon avis de professionnel de santé, je la déconseille pour le grand public sans avis médical. Dans ma pratique, je réserve la voie orale pour un traitement curatif type anti-infectieux puissant et cela sur une courte durée, 5 jours maximum chez l’adulte évidemment. Je ne dépasse jamais la dose équivalente de 1 à 2 gouttes par prise et cela 3 fois par jour, ce qui fait un total de 6 gouttes maximum par jour à avaler. C’est dans le but de limiter les risques d’intolérance (digestive, faiblesse hépatique ou allergie) ou de toxicité en contrôlant ainsi la posologie.
En effet, c’est la voie la moins bien tolérée car lente d’action, les HE nécessitent d’être métabolisé avant de passer dans le sang et d’être active, comme un médicament que l’on prend en comprimé. C’est pourquoi je préfère la voie cutanée, plus rapide et plus simple.
Pour certaines HE dermocaustiques et pour les personnes qui ne supportent pas l’odeur des HE, on peut choisir la voie orale mais je le répète jamais sans avis médical.
Elle est à proscrire chez la femme enceinte et allaitante (sauf pour l’HE de Citron contre les nausées) et chez les enfants de moins de 6 ans.
Comment prendre une HE par voie orale?
Très rarement pure, il est préférable d’utiliser un support neutre, huileux ou sucré, soit ce que vous avez à la maison soit disponible en pharmacie :
- comprimés neutres (attention si lactose ou autre allergie)
- gélules vides (idem attention à la composition si gélatine animale)
- dispersant sans alcool type Solubol
- une cuillère à café (cac) de miel
- une cac de sirop d’agave
- une cac d’huile végétale comestible
- une boulette de mie de pain
- un sucre
Pensez à bien mettre la goutte d’HE au centre du support et à mélanger car elle a tendance à rester en surface. Cela permet d’éviter les irritations le long de la muqueuse et du tube digestif surtout pour les HE dermocaustiques ou fortes comme la Menthe poivrée.
Les laboratoires d’aromathérapie proposent des capsules ou perles contenant l’équivalent d’une goutte d’HE unitaire, ce qui est bien pratique à utiliser dans les traitements curatifs. Il existe aussi des spécialités avec une synergie d’HE définie pour telle ou telle indication : cystite, mal de gorge, affections respiratoires, allergies saisonnière et bien d’autres. Votre Pharmacien ou aromathérapeute seront de très bons conseils pour vous orienter dans le choix de la voie orale, de sa nécessité et des HE ou spécialités à prendre.
Choix des huiles essentielles et conservation
Le marché des HE est exponentiel et l’offre ne cesse de grandir en officine, en magasins bio et surtout sur internet. Et là vous pouvez trouver de tout !
Les pièges à éviter sont nombreux : cultures non respectueuses riches en pesticides, huiles synthétiques ou reconstituées ou encore modifiées chimiquement ou encore non complètes, avec additifs, mauvaises distillations et stockage douteux,…
Scientifiquement, un laboratoire doit pouvoir fournir pour chaque lot de fabrication d’une HE une fiche technique complète avec la chromatographie et le pourcentage exact des actifs présents.
Pour faire simple, une huile essentielle de qualité doit comporter :
- le nom de la Plante
- le nom latin et son chémotype s’il y a lieu : Rosmarinus officinalis CT Verbénone
- l’origine de la production (une seule origine et cohérente avec la plante)
- le numéro de lot
- la partie utilisée (feuilles, écorce, fleurs…)
- la certification biologique : label AB certifié par les organismes officiels
- une composition pure contenant que l’huile essentielle
Les laboratoires que vous trouvez en officine en général respectent tous ces critères, votre Pharmacien vous guidera avec plaisir dans le choix des HE, faîtes lui confiance.
La conservation des HE se fait à l’abri de la lumière (d’où les flacons teintés) et loin de source de chaleur. Il faut penser à bien fermer le bouchon pour éviter l’évaporation des molécules aromatiques. Il y a une date de péremption mais si l’huile est bien conservée, la concentration en molécules actives permet une utilisation au-delà. Il faut alors juste vérifier l’odeur et la texture toujours intactes de l’HE. Si certaines huiles (riches en linalol par exemple comme le Bois de Hô) s’oxydent trop vite, pensez à les conserver au réfrigérateur.
En revanche quand vous faites un mélange comme l’huile végétale se conserve moins longtemps, il est donc plus sensible à l’oxydation et ne se conservera pas plus de 3 mois, maximum 6 mois selon les huiles utilisées.